J’ai beau me tenir au courant, j’ai pleuré trop de torrents pour en retrouver la source ; mauvaise Manon, je porte mal mon nom — je ne m’abreuve que de tourments, me gave de ricochets ratés dont moi seule ai le secret ;
au fond,
il n’y a que lorsque je rechute qu’enfin je bois la tasse, cul sec jusqu’au lit aride.
Nonobstant, contre le stress hydrique, pas de panique !
Je recycle et rejette par les yeux l’H2O absorbé, c’est fort pratique.
Mais même à marée basse la mare est pleine de sanglots,
longs comme ceux des vi-o-lons puis courts à en perdre l’haleine.
Fétide ou fraîche,
la baignade en eau trouble ne manque pas de sel, parfois pimentée d’amers regrets comme un plat dans la piscine que plus personne ne veut manger.
Et toi, tu crois quoi avec tes paupières en amandes douces, tes lèvres écloses et tes orteils bouchés qui sentent la cire d’abeille ? Que j’irai mieux juste en dansant sur la piste d’atterrissage ? Qu’il suffit d’un air de flûte un peu pur pour se servir du champagne dedans et boire à la santé de la joie ?
Je suis fêlée du vase et chaque goutte de trop me déborde par les fissures, je les rattrape à la passoire alors c’est comme si ça tombait dans la bouche d’un sourd qui n’y voit goutte de trop et ça repart pour un tour de manège toute bride abattue.
La cavalcade est sauvage, mais sur cette route unique autant faire du sur place puisqu’on ne l’emportera pas au paradis,
on l’emportera aux tripes,
là où y a pas d’horizon, même pas d’oraison pour célébrer ta disparition,
petite fille.
Tu vois pas que tout le monde s’en tape la panse de ta mort prématurée? Faudrait que tu penses à grandir depuis là où tu es.