J’ai mal à ton cœur et à tout ce qu’il touche.
Ça ne te fait pas le moindre effet.
Quand tu me regardes tomber, tu n’as pas un geste pour moi.
Tu as l’habitude que l’on s’inquiète.
Pour ta santé, tes projets, tes espoirs.
Tu ne sais ce que c’est que se dissoudre dans le noir.
Puisqu’il faut t’écouter, je te laisse parler
et quand je m’interroge je n’ai rien à raconter.
Je me vois poupée glacée,
manufacturée dans atelier clandestin par ouvrières exploitées qui n’avaient le temps de me boutonner jusqu’au cou.
Je prends froid pendant que tu t’enflammes,
que tu t’occupes de me décrire mes propres pensées, mes propres réactions.
Ah ! Tu sais tout mieux.
Tu sais ce qui me plaît et me révolte, tu me trouves un peu pâlotte, me dis de prendre l’air et faire du sport.
Parce que voir la vie en rose n’est qu’une question de volonté ; quand on est né du bon côté, on a pas d’excuse pour échouer.
Alors je ravale mes larmes, je souris au jour qui vient,
je ne fais pas mon âge quand je me lasse de chaque matin,
j’ai des rides qui cherchent l’ombre,
des taches brunes sur les mains.
Tu sais qu’au fond,
si je pouvais moi-même creuser ma tombe,
je m’y prendrais dès demain.