Mon corps est connecté à ma tête.
C’est le nœud de la problématique,
le noyau critique,
l’aspect dramatique,
l’insurmontable dialectique.

Mon corps ne sait agir seul,
suivre ses instincts, anticiper ses besoins,
il faut qu’il panique, se tourmente, psychote,
au rythme de ma jugeote.

Alors comme un mécanisme rouillé il se grippe, grince, bloque,
s’agrippe aux cordes qui le guident, insipide pantin pathétique.

Il est lourd à porter, maladroit à manœuvrer, dur au toucher.
Il se crée des tocs, des torsions et des douleurs,
il s’essouffle pour chaque battement de cœur et s’il prend de la distance,
il ne tient pas la longueur.

Son énergie cyclique, comme une batterie électrique, s’épuise aussitôt rechargée.
Il ne sait pas dire non alors abandonne lâchement au milieu du trajet. Et quand il recule c’est rarement pour sauter, quand il se recroqueville c’est pour ne pas être bousculé, quand il copule c’est pour oublier.

Mon corps est comme ma tête, hanté d’une nostalgie inguérissable, figé en pleine mouvance des sables, ridiculement instable.