La petite table du salon

Il se tenait là, à genoux, les mains béantes, sur la petite table du salon. Puis il sourit comme si tout à coup il avait oublié.

Cet élan d’optimisme, loin de me rassurer, me paralysa. J’avais la poitrine compressée par un plastron de doute et de peur, je sentais que l’instant était décisif pour la suite, il fallait que je réagisse, il fallait que je sourit à mon tour, mais j’en étais incapable, j’avais la tête coincée dans un scaphandre, mes sens ne percevaient plus la réalité telle qu’elle devait être, c’était comme flotter parmi les nuages en se sentant pourtant si pesante que j’aurais dû m’enfoncer dans le sol plutôt que de m’envoler.

Enfin, je parvins à ouvrir la bouche et à prononcer un mot, un son plutôt, rien qu’une onomatopée sans queue ni tête.
Son sourire disparut. Il avait senti mon désarroi, mon malaise à le surprendre ainsi, dans cet état, bien qu’il ne comprenne plus ce qui pouvait me choquer dans son comportement.

Si le baobab avait encore été là, nous serions sortis peut-être, nous asseoir à l’ombre comme au bon vieux temps. Nous aurions pu discuter calmement et peut-être qu’à l’air du dehors, j’aurai relativisé les choses.

Mais le baobab, les gens de la ville l’avaient coupé, et l’air du dehors avait une odeur acide qui n’aidait plus à relativiser. Nous n’étions plus vraiment chez nous ici, nous avaient-ils expliqué. D’ailleurs, même la toponymie de la région allait changer, on ne pouvait plus tolérer des noms aussi longs, imprononçables par les touristes, l’ère de la modernité, enfin, sonnait à notre porte.

Les bras serrés contre mon ventre, je m’approchais de lui. J’avais envie de pleurer mais je savais que cela, je parviendrai à le lui cacher. Je zigzaguai entre les bougies multicolores et puis sans rien dire, je le pris dans mes bras.

Texte issu d’un atelier d’écriture: première phrase imposée + logorallye (8 mots à placer)
optimisme /plastron / scaphandre / nuages / onomatopée / baobab / toponymie / multicolore


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