/Extrait coupé/

Elle ne voulait pas que les regards se tournent vers elle, elle ne voulait pas que les sourires, les mots doux lui soient adressés, elle ne voulait pas que les mains se sentent assez hardies pour la toucher. Elle refusait que l’on s’intéresse à elle. Et elle était elle. Elle avait encore le droit de décider. Si elle décidait qu’elle cessait d’exister, qu’il fallait l’oublier, alors c’est ce qui devait arriver. Pourquoi n’était-ce pas aussi simple ?

Ses pleurs éclorent avant qu’elle n’en ressente le besoin. Ses larmes dévalaient ses joues, dégoulinaient jusque sur son manuel de mathématiques. Son souffle s’échappait hors de son contrôle pour se déverser en sanglot rauque. Ses oreilles, sa gorge lui faisaient mal, il lui semblait qu’elle n’aurait jamais assez de place pour laisser sortir toute la douleur contenue dans sa poitrine.

Et elle s’en voulait d’être aussi faible.

« Mais oui, pleure ! Tu as raison ! se crachait-elle à la figure. De toute façon c’est bien tout ce que tu sais faire ! »

Et le flot de ses larmes ne faisait qu’enfler.

Recroquevillée dans sa grotte, sous sa carapace de pierre, elle voulait qu’on la laisse en paix. Que le monde extérieur s’efface pour qu’il n’en reste plus que ce cocon taillé pour elle. Ce serait son berceau et son cercueil. Le regard plein d’obscurité elle l’aménagerait comme bon lui semble. Elle mettrait le ciel en bas et la terre en haut si elle le voulait. Elle inventerait des couleurs qui n’existent pas et les ferait danser. Elle serait la seule artiste de son monde et ses peintures organiseraient la réalité. Son angle de vue serait l’unique et dans sa solitude paisible, Sana serait son propre Dieu. Elle veillerait sur elle comme un soleil, et rien, rien, ne la dérangerait plus jamais.