« J’ai perdu mon souffle.
Où je l’ai laissé, je ne sais plus. Peut-être entre le square et l’arrêt de bus, à l’angle de la pharmacie ou devant le U, mais j’ai eu beau revenir sur mes pas, il n’y était pas.
J’aurai dû être plus vigilante, cesser de me prétendre insouciante alors que les médecins m’ont tant mise en garde; moi qui suis sujette à l’effilochage, mon souffle, il faut que je le garde. J’aurai mieux fait d’être sage, le conserver dans une boîte fermée, le sortir pour les grands événements, type mariage et enterrement. La vie aurait été un peu moins inspirée, plus étouffée, c’est vrai, mais je n’en serais pas là, le visage bleui, en pleine asphyxie.
Les passant.es, d’un coup d’œil, comprennent mon état. Iels ne peuvent rien pour moi. Elleux ne sont pas inconscient.es. Leur souffle, iels s’en servent correctement. »
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