Echo

Je t’ai vu ne nie pas. Tu étais appuyé contre le tronc et tu grattais l’écho.
Il y avait des cris sous tes ongles mais tu n’arrêtais pas.

Je sais ce que tu cherches, ce que tu veux déterrer sous la poussière des sons et pourquoi tu le fais discrètement, sans grimacer même quand tes doigts poissent de sang.

Mais je dois te mettre en garde ; ce que tu cherches, quand tu l’auras atteint tu ne l’oublieras plus, ce sera collé dans toi, à l’intérieur de la paroi de ton crâne, ça infusera ton système une synapse après l’autre et puis très vite, pour toi, il n’existera plus que ça, ce que tu auras trouvé tout au fond, tout au fond de l’écho.

Alors réfléchis, réfléchis bien. Bientôt tu auras les avant-bras dégoulinants de murmures et là, ce sera trop tard, tu n’arriveras plus à t’arrêter, tu voudras savoir, savoir ce qu’il y a après, car cela te paraîtra si doux ces sons qui s’amenuisent, qui te conduisent, un frisson après l’autre, vers ce que tu n’as jamais entendu. Et quand ils s’arrêteront tout à fait, tu trouveras cela parfait.

Tu auras creusé jusqu’à ce qui se nomme le silence, et par le trou de tes tympans transpercés il te coulera le long de l’oreille, de la joue, du cou, jusqu’à te couvrir complètement. Tu ne bougeras plus. Tu seras devenu l’âme du silence et sur ta peau te poussera une nouvelle carapace qui te fera ressembler à l’identique au tronc contre lequel tu t’appuyais, et nous tous, de toi, nous ne verrons plus que cela, un tronc à l’écho dur mais friable qu’un jour peut-être quelqu’un viendra gratter discrètement, avec l’ongle de son doigt.


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