J’ai la connexion qui tiraille
Un réseau de fils qui me part du dos, se suspend aux points cardinaux, s’entremêle en une immense toile dont je ne sais si je suis l’araignée ou la proie.
D’un fil à l’autre les vibrations se transmettent et ça me titille, m’étire, me triture la carcasse.
Un baromètre à sensation sans cesse en rotation qui impulse de lâcher l’affaire avant l’impasse. Déroutée sans repères je me délasse, dénoue mes attaches,
ne réponds plus qu’aux inflexions de l’espace.
Les embranchements sont en surbrillance,
carte mentale d’un écartèlement
J’ai la tête qui flanche vers des octaves sombres et des frissons sous la peau qui muent en grêlons fumants.
Ce qu’il me faut c’est du temps,
pour décrypter les ondes grésillantes et les rumeurs extra-réelles
Déceler dans les aigrettes de pissenlit le bleu du ciel, l’éclat du jour au cœur des pierres, la mélodie ruisselante des cours asséchés, le reflet mordoré des choses cachées.
Je veux,
pleurer à la rencontre des arbres, m’harnacher de leur puissance et tandis que m’essoufle le vent, faire tonner mes racines dans le profond terrestre,
Je veux,
puiser à la source des lacs de quoi m’hydrater l’écorce et la gorge, chanter le déploiement du paysage sous le feuillage de mes paupières
Je veux,
poser ma main sur la bonne roche, capter l’écho qu’elle recèle
et quand ma joue rencontre sa peau sèche, faire de ma rage une cloche qui tinterait dans chaque fissure de sa falaise
Je veux,
m’épuiser à le dire, à l’écrire, le sentir, sans jamais quitter mon lit, je veux être traversée par tout ce qui se vit sans le souffrir, je veux m’ouvrir l’âme en deux s’il le faut, faire de la place à mon tronc, mes branches, mes feuilles et mes fruits.
Je ne veux plus jamais voir mon sang ni ma chair, je veux renaître être de sève et de terre.