Le temps d’un battement de cils et la porte claque.
Il s’est esquivé, tu vois, le courant d’air.
T’y croyais pourtant, tu croyais qu’enfin, le souffle qui te manquait te revenait, que l’horizon se dégageait, le ciel se faisait moins menaçant. T’as cru vraiment, pauvre cruche, que ça pouvait être si facile, qu’un rayon de soleil, une rencontre, ouvriraient les portes de la vie en grand et que tu te baladerais de l’une à l’autre gaiement, en chantant, comme l’idiote insouciante que tu n’as jamais été ?
Quand on escalade un mur de glace, il faut plus d’un rai de soleil pour le faire fondre, et ça, bah oui, tu l’apprends maintenant, à tes dépends.
Et t’as le temps de prendre ton temps pour comprendre, admettons, mais à mon avis, plus tôt tu blindes ton cœur, mieux tu te porteras. Et puis l’espoir… franchement laisse ça à d’autres.
Tu vois pas comme la falaise est haute et tes doigts déjà gelés ? Non mais vraiment tu crois quoi ? Que tu vas arriver en haut, de l’autre côté ? Et de l’autre côté, y a quoi ?
Vas-y, dis-moi, ça m’intéresse !
Ça m’intéresse de connaître la cause de tes futures larmes, c’est très divertissant. Mais me dis pas : « une autre falaise de glace parce que la vie c’est ça, c’est l’adversité ». Parce que si vraiment la vie c’est ça, ben arrête de grimper, t’es ridicule. Lâche, lâche prise, et va voir ce qu’il y a en bas.
Je vais pas te faire croire que c’est joli et rigolo, mais je te jure que c’est même pas pire que ce qu’il y a en haut. Kif-kif, je dirais. De toute façon, rien n’a de sens, en haut ou en bas c’est la même direction. Faut juste voir si t’y vas en grimpant ou en tombant.

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Issu d’un atelier d’écriture avec la phrase imposée « la porte claqua » et une image d’un homme escaladant un mur de neige