Tu m’as gâchée.
J’avais la jeunesse, j’avais la beauté et l’art de me transcender.
Le temps pouvait bien passer, j’étais prête à conserver et polir avec tendresse ces bouts de moi que j’aimais.
J’aurais pu être ce vers quoi je tendais, un papillon de merveilles aux couleurs vermeilles et jaune poussin, qui non décidément ne craint pas son destin, puisqu’il pulse en elle depuis l’enfance, puise sa sève dans l’inconscience et fleurit plus net chaque matin.

Et puis toi.

Quel que soit le nom qu’on te donne, éponyme du désastre, tu as pris le bouquet de mon destin et l’as broyé entre tes mains.
Tu as aboyé comme un chien pour que l’on s’y fasse et renoncent sans rechigner à ce qui a été, aux aurores de printemps, aux soirées d’automnes, aux récits d’hivers et variés.
Maintenant le temps ne nous appartient plus, nous n’avons plus le droit de le nommer, c’est toi qui décide, où, quand, comment et surtout quoi. Il n’y a plus de porte ouverte, plus de voie de traverse, plus de fleurs aux réveils.
Seule l’inconscience reste, inutile puits de sève, où tout doucement se noie un rêve.