*

J’ai suivi les lignes,
elles traçaient le contour d’un désastre,
Un cratère pour pupille, de la lave comme larmes.
Pour peu que je me résigne
et revienne sur mes pas,
Ce serait si facile,
d’ainsi vivre tranquille
jusqu’à mon trépas.

Mais je suis venue pour le feu
pour qu’il me pince les paupières et me brûle les yeux
pour qu’à force de fusion il embrase mon cœur,
consume d’un baiser brûlant les restes de regret,
d’élans avortés,
de rêves insatisfaits.
pour que les cendres me donnent matière à fondation, que le désert se fasse,
que sur cette terre dépeuplée je n’ai plus de questions à poser.

Si l’insouciance a du charme, l’ignorance un peu moins,
alors bille en tête, hélas
je m’élance et enlace
le bout du vide, le commencement du destin.

que ce soit fait sans témoin

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*
*

Le risque c’est de se reconnaître dans le miroir, à chaque fois, de ne même pas se tromper. Être, encore et encore, sans y manquer.

Le risque c’est de ne s’effilocher que par l’arrière, par la nuque, le dos, les fesses et de ne même pas mentir quand aux autres on dit que tout va bien, oui oui, vraiment, merci.

Le risque c’est d’oublier d’avoir peur, de se croire stable au-dessus des remous, de confier ses remords à l’apesanteur et de ne même pas vérifier qu’ils continuent de flotter quand on regarde de côté.

Le risque c’est d’y lire de trop près, de s’y gâcher la prunelle, alors qu’ils ne signifient pas grand chose ces bouts de phrases agencés côte à côte. Ils suggèrent sans s’expliciter alors que non, juré, il n’y a même pas de message caché.

*

*

Pour toutes ces heures consommées,
ces instants consumés,
en hommage aux fleurs fanées,
j’arrête de vieillir, je fige le moment,
je brise l’élan.
Mon corps est un bateau qui délaisse la houle et le soleil pour s’enfermer dans une bouteille.
Adieu la mer, adieu l’orage. Je clos mes paupières sur l’horizon, il n’y aura plus de saisons.
Ceci est la fin du temps.
Abolition.

*

*

J’ai dit
Que j’attendais un signe
Que je croyais aux esprits
Que je rassemblais les indices
Que je doutais encore

J’ai dit
Que je le méritais pourtant
Que j’aurais dû sentir
L’ appel depuis longtemps
Implacable destin d’enfant

J’ai dit
Que je savais néanmoins
Que les choses suivaient leur chemin
Que je n’étais pas pressée
Qu’il me fallait d’abord cogiter
Pour accompagner à son rythme
La trajectoire astrale
de mon univers mental

*
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